HVN : Différence entre versions

Version actuelle datée du 29 septembre 2017 à 15:01

Agriculture à Haute Valeur Naturelle (HVN)

Cette page est largement inspirée par le document « l’agriculture HNV : mieux la (re)connaître pour mieux l’accompagner », par Xavier Poux et Blandine Romain, du FECNP.

Définition

Le concept d’agriculture HVN est apparu pour la première fois en 1993, suite aux réflexions et travaux d’un cercle de réflexion regroupant des écologues, des agroéconomistes et des spécialistes des politiques agro-environnementales (Institute for European Environemental Policy - Londres, WWF Royaume-Uni, European Forum on Nature Conservation and Pastoralism (EFNCP ou FECNP en français, [1]). Ce concept reconnaît la causalité entre certains types agricoles et les "valeurs naturelles".

L’agriculture HVN se réfère aux habitats naturels et aux espèces sauvages qui ont constitué la base du concept de biodiversité dans les années 90. Le concept HVN vise à élargir les déterminants de la conservation de la nature, en replaçant les habitats et les espèces à conserver dans les systèmes socio-économiques et écologiques qui conditionnent leurs dynamiques.

Définition de l’agriculture HVN : une forme de mise en valeur agricole du milieu qui permet la présence dans l’écosystème exploité d’habitats naturels abritant un grand nombre d’espèces sauvages en coexistence avec les espèces domestiques.

Le concept de HVN est repris par la Commission Européenne (CE) ; il fait partie des critères retenus par la CE pour évaluer le programme de développement rural (PDR 2007-2013). C’est un critère d’attribution de fonds.

Définition de l’Agence Européenne de l’Environnement (EEA) des zones HVN (Andersen et al, 2003): Zones où l’agriculture est une forme majeure (généralement dominante) d’utilisation de l’espace et où l’agriculture est à l’origine de – ou est associé à – une grande diversité d’espèces et d’habitats et/ou à la présence d’espèces d’intérêt communautaire.

L’agriculture HVN s’appréhende à l’échelle d’un paysage agraire dont les limites spatiales constituent une zone HVN. Le caractère HVN d’une zone dépend d’une densité suffisante de surfaces HNV, gérées par des exploitations HVN.

Récemment, le concept de haute valeur naturelle a été appliqué a la sylviculture.

Bases Techniques de l'agriculture HVN

Techniquement, le principe fondamental de l’agriculture HVN repose sur le fait de produire avec très peu d’intrants (fertilisants de synthèse ou organiques et produits phytosanitaires) sur une fraction de la surface agricole exploitée, tout en assurant un équilibre et une bonne gestion d’ensemble de l’agro écosystème. En d’autres termes : une part importante de la SAU est gérée extensivement.

- Cette part est ‘estimée’ de 20 à 30% ; ordre de grandeur s’appuyant sur l’ «expertise collective INRA » qui précise que le seuil minimal en végétation semi-naturelle nécessaire pour atteindre une richesse biologique d’ensemble est de 20 à 30%.

- "produire avec très peu d’intrants" signifie apporter un niveau d'azote qui garantisse une richesse floristique mais aussi de ménager des espaces sans apport de produits phytosanitaires (Voir la notion de végétation semi-naturelle).

Produire à bas niveau d'intrants a des conséquences sur la logique de l'ensemble du système de production :

1. Cela valorise des espaces susceptibles de boucler leurs cycles de nutriments de manière autonome (formation végétales permanentes dont la diversité floristique et la capacité des racines à puiser les nutriments dans la roche mère contribuent à entretenir la fertilité naturelle des sols).

2. Cela mobilise une diversité d'espèces; pour gérer les risques climatiques et sanitaires (diversité des plantes d'une prairie, diversité de rotations et de variétés mobilisées, des espaces valorisés dans le paysage pour répartir les risques).

Les différents types d'agriculture HVN

Les principes d'ensemble de l'agriculture HVN se déclinent dans autant de situations qu'il y a de contextes agro-écologiques. Ainsi, le FENCP et l'EEA proposent 2 grands types de systèmes agricoles HVN:

Type 1 : de grand espaces extensifs : Les systèmes dont le fonctionnement agro-écologique d'ensemble repose sur une valorisation extensive de grands ensembles en végétation semi-naturelle (Prairies, alpages, pelouses, garrigues,...)

Type 2 : une combinaison de végétation semi-naturelle et d'hétérogénéité spatiale comme support de biodiversité : Les systèmes dont le fonctionnement repose sur une fraction en végétation semi-naturelle significative et une mosaïque paysagère complexe .

Type 3 : des pratiques localisées permettant la présence durable d'espèces remarquables : Les systèmes dont la valeur naturelle repose sur une diversité paysagère ainsi que sur la mise en œuvre de pratiques adaptées.

Zones HVN, Cartographie

Zones HVN

Une défintion à l'echelle européenne des terres agricoles HVN à été établie dans le cadre du projet IRENA (EEA, rapport 6/2005) : "Les terres agricoles à Haute Valeur Naturelle comprennent les zones en Europe où l'agriculture est un mode majeur d'utilisation du sol et où cette agriculture favorise ou est associée avec soit une grande diversité d'espèces et d'habitats, soit la présence d'espèces dont la conservation revêt un intérêt européen et/ou national et/ou régional, soit les deux".

Le vocabulaire associé à l'agriculture HVN est néanmoins peu 'stable' ; l'EEA parle de terres agricoles HVN (HNV farmland) ou zones HVN (HNV areas), d'autres se réfère à des exploitations agricoles HNV ou systèmes agricoles HVN (HVN farming). En pratique, le FECNP précise que l'agriculture HVN s'appréhende au niveau d'un paysage agraire dont les limites spatiales constituent une zones HNV. Le caractère HNV d'une zone dépend d'une densité suffisante de surfaces HVN, gérées par des exploitations HVN. Réciproquement, une exploitation agricole ne peut être qualifiée de HVN si et seulement si elle est intégrée dans une zone HVN.

Cartographie

L'EEA a donc travaillé à l'identification de surfaces géographiques où les valeurs naturelles coïncident avec l'agriculture, entrainant la production de cartes de "possibles terres agricoles HNV".

l'EEA et le Centre Commun de Recherche de la C.E. (Joint Research Center, JRC, Ispra -Italie), établissent une carte des zones HNV basée sur des critères d'occupation du sol (CORINE LAND COVER) et des zonages Natura2000 (C'est une approche qui permet essentiellement de repérer les grands ensembles). Il s'agit de Carte de probabilité de présence. Cette carte et la méthodologie (Paracchini et al. 2008) sont disponibles à l'adresse suivante : http://agrienv.jrc.ec.europa.eu/activities_HNV.htm

Pour la France, les JRC et l'association Solagro ont produit une carte de l'agriculture HVN en s'appuyant sur des critères agricoles recueillis à plusieurs niveaux, en utilisant notamment le RGA 2000. Le caractère HVN des "zones" est estimé ici à travers un score. Voir le document "Atlas national des cartes des systèmes agricoles à haute valeur naturelle" (JRC/Solagro)

Cependant, si de telles cartes sont utiles (d'un point de vue "outil politique stratégique", en approchant la localisation et l'étendue des valeurs associés à l'HVN), pour le forum FECNP ce type de carte ne sont pas utilisables (à ce jour) pour le calcul total des zones HVN d'un pays, ni ne doivent servir à l'inclusion ou l'exclusion d'exploitation agricoles de mesures de soutiens. Il y a à cela plusieurs raisons, la principale est liée à la nature du concept HVN : ce concept n'a pas été défini afin de désigner des zones HVN (au contraire de NATURA2000 par exemple).

Indicateurs HNV

"Petit à petit" les zones HNV ont été intégrées dans l'Agenda Communautaire. Tout d'abord, ce concept apparait dans les documents de politiques internationaux, et depuis 2003, se retrouve dans les résolutions et directives de la Commission Européenne(Résolution de Kiev 2003, règlement de développement rural 2005, Rapport d'évaluation d'impact 2005, décision du conseil 2006/144/CE).

La résolution de Kiev sur la biodiversité mentionne ainsi : "Agriculture et biodiversité : d'ici 2006 l'identification de toutes les zones à haute valeur naturelle dans les écosystèmes agricoles devra etre terminée. D'ici 2008, un forte proportion de ces zones devra faire l'objet de mesures favorables à la biodiversité dans le cadre des instruments du règlement rural (MAE, agriculture biologique) pour, entre autres, asseoir leur durabilité écologique et économique". L'Agence Européenne de l'Environnement (EEA) a lancé des travaux en ce sens.

Le règlement 1974/2006 définit l'indicateur de référence HVN "Terres agricoles et forestières à haute valeur naturelle" (mesuré par la SAU de terres agricoles à HVN, indicateurs de référence 18), l'indicateur de résultat 6 "Surface faisant l'objet d'une gestion efficace contribuant à la biodiversité et à l'agriculture ou la foresterie HVN" et l'indicateur d'impact 5 "Maintien de l'agriculture à HVN, mesuré à travers l'évolution des surfaces HVN en termes quantitatifs et qualitatifs".

Les HVN sont une des trois "orientations stratégiques de la Communauté concernant l'amélioration de l'environnement et des paysages" (programmation E.U. 2007-2013): "Afin de protéger et d'améliorer les ressources naturelles et les paysages des zones rurales de l'UE, les ressources allouées à l'axe 2 devraient contribuer à 3 domaines prioritaires au niveau de l'UE: (1) biodiversité, préservation et développement des systèmes agricoles et sylvicoles à haute valeur naturelle et des paysages agricoles traditionnels, (2) eau et (3) changement climatique." (COM 2006/144/CE)

Dans le FEADER, dans le cadre d'objectif stratégique, les Etats Membres reçoivent des aides communautaires pour des programmes validés de développement rural.

En France, le PDRH mentionne les zones HVN comme l'objectif en matière de biodiversité (avec les zones Natura 2000 qui restent l'objectif principal). 2 mesures sont définis en faveur des zones HVN : dans l'axe 2 mesure 216 et dans l'axe 3 mesure 323 sur la conservation et mise en valeur du patrimoine rural). Fin 2008 seules 2 régions ont choisi de faire figurer l'une de ces mesures dans leur document régional. Néanmoins, les HVN sont un critère d'évaluation d'ensemble, y compris sur des mesures qui n'ont pas été conçues en leur nom : ICHN, la PHAE, et plus largement l'ensemble des mesures de l'axe 2 du PDRH.

Références et Bibliographie

(Rappel : le 1er document ci-dessous est la source principale de cette page Wiki ODR)

Poux X. et Romain B., L'agriculture HNV : mieux la (re)connaître pour mieux l’accompagner », par Xavier Poux et Blandine Romain, FECNP. Septembre 2009. http://www.efncp.org/download/HVN_Fascicule060309.pdf

Andersen E, Baldock D, Bennet H, Beaufoy G, Bignal E, Brower F, Elbersen B, Eiden G, Godeschalk F, Jones G, McCracken D.I., Nieuwenhuiwen W, van Eupen M, Hennekes S and Zervas G, 2003, Developing a high nature value farming area indicator. Consultancy report fot the European Environemental Agency, Copenhagen. 2003

Paracchini M.L., J.-E.Petersen, Y.Hoogeveen, C.Bamps, I.Burfield, C.van Swaay (2008): High Nature Value Farmland in Europe - An estimate of the distribution patterns on the basis of land cover and biodiversity data, Report EUR 23480 EN. 87 p. http://agrienv.jrc.ec.europa.eu/publications/pdfs/HNV_Final_Report.pdf

JRC/Solagro - Atlas national des cartes des systèmes agricoles à haute valeur naturelle, oct.2006 http://www.naturefrance.fr/IMG/pdf/FR_HVN-Atlas.pdf

JRC/Solagro - Cartographie des zones agricoles à haute valeur naturelle, nov.2006 http://www.naturefrance.fr/IMG/pdf/Rapport_HVN_MEDD.pdf

Guy Beaufoy (EFNCP), HNV farming – Explaining the concept and interpreting EU and national policy commitments. http://www.efncp.org/download/EFNCP-HNV-farming-concept.pdf

Réseau européen d’évaluation du développement rural. Instruction de l’indicateur d’impact « haute valeur naturelle », document d'orientation. 2009, http://ec.europa.eu/agriculture/rurdev/eval/hnv/guidance_fr.pdf

EEA, 2004, High nature value farmland - Characteristics, trends and policy challenges, EEA Report No 1/2004. http://www.eea.europa.eu/publications/report_2004_1

EEA, 2005 "Agriculture and environment in EU-15 - the IRENA indicator report" EEA Report No 6/2005. http://www.eea.europa.eu/publications/eea_report_2005_6