DPSIR

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DPSIR : Driving Forces, Pressures, States, Impacts, Responses

En Français : FPEIR : Facteurs, Pressions, Etats, Impacts, Réponses


Un indicateur est une information à laquelle un observateur peut attribuer un sens, qu’il peut rapporter à une question. Ce sont des outils d’analyse, utiles pour comprendre, informer et servir d’aide à la prise de décision en matière de politique publique. Ils permettent de mesurer un phénomène, d’identifier et de suivre les pressions, d’évaluer l’effet des politiques publiques…


L’élaboration d’un cadre conceptuel comme le DPSIR (modèle « Driving Forces, Pressures, States, Impacts, Responses »), promu par l’Agence Européenne de l’Environnement (AEE) vise différents objectifs :

Un indicateur se rapporte à une question posée et permet d’apporter des éléments de réponses, mais pris séparément, l’utilisation d’indicateurs se restreint à apporter des informations indépendantes les unes des autres. Cette limite a montré la nécessité de développer une relation « cause-effet » pour lier les facteurs et leurs effets, et ainsi d’intégrer les indicateurs dans des modèles qui cherchent à établir un lien entre les différents éléments qui agissent directement ou indirectement sur la question d’évaluation. On parle de modèles « causals » ou « relationnels ».

Ce type de modèles permet de prendre en compte au possible la complexité de la réalité pour conceptualiser un phénomène, en identifiant l’ensemble des facteurs qui agissent dessus afin de pouvoir déterminer des indicateurs qui permettront d’évaluer objectivement.

Ce type de modèles permet également de classer les indicateurs et d’établir un cadre d’analyse en faisant le lien entre les différentes parties de l’évaluation. L’autre enjeu enfin est de clarifier les notions mises en jeu entre les différents acteurs concernés et de pouvoir communiquer en se basant sur un langage commun.

Différents modèles ont été élaborés, dans cet objectif à chaque fois de définir un cadre conceptuel des indicateurs. Les modèles sont en fait une simplification des relations de causalité, en réalité beaucoup plus complexes, mais dont on doit se rapprocher le plus justement possible. Il permet de rendre intelligibles des relations de cause à effet dans un objectif stratégique, par exemple d’évaluer les politiques publiques sur un domaine par rapport aux objectifs fixés par les directives européennes ou lois nationales. On parle parfois aussi de « modèle d’interaction société-nature », même s’ils peuvent être utilisés pour d’autres domaines :

- le modèle PSR (Pressures, States, Responses <=> Pressions, Etats, Réponses) utilisé par l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique)

- le modèle DSR (Driving forces, States, Responses <=> Forces à l’œuvre/motrices, Etats, Réponses) utilisé par la FAO (Food and Agriculture Organization)

- le modèle DPSIR, promu par l’AEE (Agence Européenne de l’Environnement)


P (Pressions) sont les causes directes de la situation observée/mesurée.

S (Etat) dépend directement des Pressions, il s’agit des caractéristiques physiques, chimiques ou biologiques mesurables quantitativement et/ou qualitativement pour un espace donné.

Le modèle DSR a été développé pour correspondre de manière plus juste à la réalité en élargissant les facteurs à l’origine de la situation :

D (Forces motrices) sont les activités (au sens large) humaines à l’origine des pressions, ce sont en quelque sorte les causes des pressions. En déterminant les Forces motrices, on s’intéresse de manière plus large aux facteurs qui vont influencer la situation, à la fois « positivement » et « négativement », et en intégrant l’ensemble des aspects : sociaux, économiques et institutionnels.

Le modèle DPSIR intègre et complète ces derniers en proposant un cadre d’analyse faisant intervenir les différents niveaux et échelles (du local au global), notamment en intégrant à la fois les Forces motrices et les Pressions.

Le modèle DPSIR intègre aussi les Impacts (I), qui sont les conséquences à la fois sociale, environnementale et économique des Pressions ; dans le temps et dans l’espace.

La prise en compte des Impacts, permet d’intégrer les répercussions des Pressions, au-delà des aspects physiques, chimiques ou biologiques. Cela permet d’intégrer l’ensemble des enjeux des facteurs de dégradation au-delà de la situation observée/mesurée en considérant l’impact sur l’humain et ses activités, à différentes échelles spatiales et temporelles.

Les Réponses (R) correspondent à ce qui est mis en œuvre pour pallier la situation observée, ce sont des actions correctrices/dispositions mises en œuvre à différentes échelles et sous différentes formes (curatif/préventif, régulation/interdiction… ; mesures politiques, initiatives collectives, normes de comportement…).

Ainsi, dans le modèle DPSIR, ces 5 éléments (Facteurs, Pressions, Etats, Impacts, Réponses) sont reliés par une chaîne de causalité : les Forces motrices (D) relatives aux tendances d'évolution des systèmes économiques et des sociétés induisent des Pressions (P) sur l'environnement, qui s'exercent dans une certaine durée et à certaines échelles, et qui dégradent l'État (E) de l'environnement, dans un temps et à des échelles données. Ceci a des Impacts (I) sur la santé ou la sécurité humaine et les écosystèmes, conduisant la société à élaborer des Réponses (R).


Un exemple concret d’utilisation (simplifié néanmoins) du modèle DPSIR est présenté ci-dessous :


Exemple : Eau et agriculture

Les Forces Motrices sont les activités anthropiques qui peuvent avoir un effet sur l'environnement et qui consomment les ressources naturelles. Ces indicateurs décrivent le développement démographique, économique et social et les changements qu’ils entraînent sur la consommation. Au niveau agricole, la PAC ainsi que les cours du marché influencent le choix des cultures et le degré d’intensification d’une zone. Le prix est fonction de la demande, cette dernière étant liée à plusieurs facteurs comme l’augmentation de la population, du tourisme, ou la compétition pour les débouchés des produits (ex : production bioéthanol ou alimentation). Les choix agricoles décident de l’utilisation des terres cultivables et donc des taux d’intrants (nitrates, pesticides) ainsi que de l’allocation des surfaces irriguées. Les changements climatiques peuvent enfin augmenter la fréquence des périodes de sécheresse ou des tempêtes.


Les Pressions sont les actions directes des forces motrices (par exemple, un prélèvement, un rejet de substances, une modification morphologique…) à l’endroit où elle a lieu. Elles affectent l’environnement, le cadre de vie ou la société. Les pressions agricoles concernent le niveau d’intensification, les prix des produits ainsi que l’utilisation faite du sol. Ceci va déterminer les quantités d’eau et d’intrants ajoutées. Les effluents d’élevage sont aussi à considérer.


L’Etat est influencé directement par les pressions et décrit la qualité ou quantité résultant à la fois de facteurs naturels et anthropiques (caractéristiques physiques, chimiques et biologiques) d’un lieu donné. L’occupation du sol donne l’état agricole de la zone. De plus, des analyses d’eau (ex : eau potable) ou autre permettent de connaître les concentrations en polluants. L’observation du niveau des rivières, nappes ou bien lacs donne des informations sur les prélèvements en eau… Enfin, l’état d’un écosystème présente l’état de l’environnement aquatique.


Les Impacts équivalent aux effets directs ou indirects de la pression sur l'environnement dans le temps et dans l’espace (concentration en nitrates, la mortalité de poissons, la modification d’écosystème…). Au niveau social, les impacts peuvent être liés à la santé publique (maladie liée à l’eau) ou entraîner une baisse du cadre de vie et de l’usage de la rivière. Concernant l’environnement, les effets peuvent être une détérioration de la qualité de l’eau ou du sol, une chute de la biodiversité… Enfin à propos de l’économie, il y a des coûts pour restaurer et stocker la ressource. De plus, il faut compenser les pertes de rendement économique (ex : baisse du tourisme dûe à la dégradation du paysage, baisse du rendement des agriculteurs)


Les Réponses correspondent aux mesures prises pour améliorer l'état de la masse d’eau. Ces actions correctrices peuvent viser l’ensemble des indicateurs énoncés. Les réponses sont le plus souvent curatives, donc mises en place pour arranger un problème. On peut citer les traitements techniques de filtration d’eau, la fermeture de vieux captages et/ou leur interconnexion. Ce type de réponse peut être aussi économique en taxant l’eau. Les réponses préventives permettent d’anticiper un problème en essayant par exemple de changer les comportements et d’améliorer les pratiques agricoles. Un autre moyen serait de stocker la ressource. Les politiques ou mesures mises en place permettent de tenter d’améliorer, interdire ou réguler les pratiques agricoles. Ces mesures existent à différents niveaux, des directives européennes aux actions locales. Les réponses sont finalement l’information des acteurs et du public.


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Voir aussi :

Article « Les indicateurs sur la plateforme ODR »


Source :

Observatoire Régional de la Biodiversité en Languedoc Roussillon (ORB-LR)

FAO