L'ODR en 5 questions - Avril 2021

[Les unités se présentent] Observatoire du Développement Rural – US-ODR

[Les unités se présentent] Observatoire du Développement Rural – US-ODR
L’unité de service ODR centralise et traite des bases de données liées aux activités agricoles et aux politiques agricoles et agro-environnementales et, en particulier, aux mesures du second pilier de la PAC, dit de développement rural. Elle met à disposition des indicateurs sur sa plateforme via des tableaux, fiches ou cartes dynamiques, et apporte ses services et son expertise aux unités INRAE et à la recherche en général, mais aussi aux acteurs institutionnels (ministères, collectivités, etc.) et professionnels (instituts techniques, chambres agricoles…).
 

 

ODR en bref

Direction : Thomas Poméon

  

Soutiens principaux : département INRAE EcoSocio, Délégation aux Infrastructures Scientifiques Collectives d’INRAE (DISC), Fonds européeen agricole pour le développement rural (FEADER)

  

Forces vives : 6 titulaires (4 IE, 1 IR et 1 TR) et 7 contractuels (IE)

  

Exemples d’application :

Visitez le site Web de l’ODR >>>

 

Suivre et évaluer une politique publique telle que la Politique Agricole Commune (PAC) est un défi méthodologique et scientifique, qui renvoie à un premier défi de taille : développer un système d’information permettant d’évaluer les résultats et impacts de cette politique avant, pendant et après sa mise en œuvre.

Pour répondre à ce défi, l’unité de service ODR créée en 2009, gère et développe l’Observatoire du Développement Rural, un système d’information multi partenarial, où sont mis en commun des données, des méthodes et des outils. Elle est ainsi devenu un centre de ressources pour traiter et analyser les données sur le second pilier de la PAC, dédié au développement rural.

Mais évaluer une politique comme la PAC exige d’aller au-delà des données spécifiques à sa mise en œuvre (indicateurs de réalisation). Il est nécessaire de caractériser ses bénéficiaires, et en premier lieu les agriculteurs et leurs exploitations : démographie, assolement, pratiques, engagement dans des signes de qualité... mais aussi de saisir les dynamiques en cours à d’autres échelles, celles de l’environnement qui englobe ces systèmes agricoles, milieu naturel et milieu socio-économique.

Les travaux menés par l’unité, permettant historiquement le suivi et l’évaluation du second pilier de la PAC pour l’appui aux politiques publiques ainsi que pour la recherche, se sont naturellement élargis à d’autres secteurs et partenariats, avec la Mutualité sociale agricole (MSA), l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO), l’Office français de la biodiversité (OFB) et les ministères de l’Agriculture et de l’Ecologie. Les principales activités de l’ODR auprès de ses différents partenaires sont les suivantes :

 Pour suivre les travaux de l’ODR ainsi que le développement du système d’information, rendez-vous sur la page dédiée aux actualités de la plateforme.

ODR en cinq questions à Thomas Poméon

L’unique Unité de service du département EcoSocio, l’ODR, a été créée pour accompagner l’évaluation des politiques de développement rural, et notamment des Programmes de Développement Rural de la PAC. Depuis sa création en 2009, ses domaines d’action se sont élargis. Pouvez-vous décrire en quelques mots le champ de vos activités, entre appui aux politiques publique et la recherche ? 

L’élargissement des activités de l’ODR s’est fait au gré des besoins et des opportunités. Ainsi, en plus de travaux d’assistance technique pour le suivi et l’évaluation du second pilier de la PAC, nous avons développé des réseaux thématiques sur la démographie agricole (données MSA), les systèmes de culture (assolement RPG, sources IGN et CESBIO, données sur les pratiques agricoles) ou encore les signes de qualité (données INAO). Nous nous sommes également intéressés aux indicateurs permettant de caractériser les écosystèmes agricoles et les services écosystémiques, via notre participation à l’étude EFESE-EA. Aujourd’hui, la thématique des produits phytosanitaires est sur le devant de la scène, et nous travaillons pour faciliter le traitement, l’analyse et la diffusion des données de ventes des produits phytosanitaires.

 

Si chaque thématique a en quelque sorte sa vie propre (ses sources, objectifs, partenariats, utilisations...), elles s’alimentent les unes les autres et sont liées à plusieurs titres : les enjeux scientifiques et d’analyse qu’elles sous-tendent, les méthodes liées au cycle de vie de la donnée (du nettoyage à la diffusion) et les technologies informatiques permettant de les traiter. C’est pourquoi nous les intégrons dans un Système d’Information Intégré sur les Politiques et Systèmes Agricoles (SISPA), une entité commune qui structure nos travaux.

   

Pouvez-vous citer quelques exemples concrets qui illustrent la diversité de vos activités et des thématiques traitées ? 

Notre activité se décline par des travaux récurrents autour de productions standards. Ces productions incluent le nettoyage et l’intégration de données ainsi que la mise à jour des indicateurs liés (sous forme de fiches, tableaux et cartes dynamiques). Cela comprend :

Au-delà et sur la base de ces travaux récurrents, nous sommes aussi impliqués dans des études et projets scientifiques. Cela nous permet de valoriser nos acquis thématiques et méthodologiques, d’en développer de nouveaux (preuves de concept), et de renforcer nos partenariats scientifiques et institutionnels. Cela nous permet aussi de financer nos travaux.

Nous communiquons sur nos travaux et réalisations à travers une newsletter annuelle, distribuée aux membres de la plateforme et accessible via notre site.

  

Quels services et outils l’ODR met à disposition des chercheurs ? Qui peut y accéder et comment vous solliciter ? 

L’objet le plus visible que l’ODR met à disposition, ce sont des données. Les chercheurs, en particulier en sciences sociales, veulent souvent les données les plus brutes possibles, pures et originelles en quelque sorte ! Nous leur en facilitons l’accès en déposant nos données sur des zones de dépôt partagées, via le CASD ou autres formes d’envois sécurisés. Mais derrière l’illusion de la donnée bonne à tout faire et du big data, la réalité est aussi celle du « dirty » data administratif et de la nécessaire « brutification » de la donnée. En effet, les données administratives sont riches mais souvent incomplètes et non organisées, ce qui est logique car elles n’ont pas été conçues pour l’analyse et la recherche. Nous fournissons des données prétraitées, nettoyées et vérifiées, des méthodes, des indicateurs prêts à l’emploi, des outils d’interrogation de la donnée (tableaux, fiches et cartes dynamiques), mais aussi une expertise et un savoir spécifique sur ces données pour accompagner les chercheurs. Ce savoir est formalisé autant que faire se peut dans des notes méthodologiques et des articles sur notre wiki, mais il y a aussi une part de savoirs tacites que nous transmettons directement en échangeant avec les chercheurs et en participant à des projets.

  

In fine, nous capitalisons ce savoir produit, enrichi par les interactions avec les chercheurs et autres utilisateurs, dans un processus continu d’amélioration des outils et des connaissances. Nous capitalisons aussi dans le temps en proposant une profondeur historique des bases de données et en les reliant par la mise en œuvre de bases longitudinales. Ces aspects sont capitaux car par définition, les administrations ont la mémoire courte par rapport aux données… Les bases de données ne sont pas reliées et patrimonialisées dans le temps, alors que les chargés de mission se succèdent dans les administrations et partent avec leur expertise. Nous faisons ainsi office de chainon manquant cognitif, et nous cherchons à anticiper les besoins futurs, car quand on veut évaluer une politique sur une durée ou l’évolution de systèmes, il est déjà trop tard pour produire les données du passé…

  

Pour accéder aux différentes ressources que nous proposons, nous disposons d’une plateforme web accessible à tous. Les agents INRAE et affiliés peuvent activer leur compte sur la plateforme en utilisant leur compte LDAP. Ils ont ainsi accès à toutes les ressources publiques et pour les autres ressources, nous gérons les droits d’accès en fonction de nos accords avec les fournisseurs et des différentes demandes. Aussi ouvert que possible, aussi fermé que nécessaire, nous devons gérer les injonctions plus ou moins compatibles entre règlements de protection des données (personnelles) et open data.

  

En 2019, l’ODR a obtenu le label Infrastructure Scientifique Collective (ISC) d’INRAE (à l’époque de l’Inra), qu’est-ce que cela implique pour l’équipe et pour les utilisateurs ?

Pour l’équipe, c’est déjà la reconnaissance par l’institution de son travail, et c’est important. C’est aussi un accès à différentes ressources et dispositifs d’accompagnement. Cela a été pour nous l’occasion de faire le bilan de l’existant, de nous rendre compte de tout le travail accompli et de nos forces et faiblesses, pour mieux nous projeter dans l’avenir. Pour les utilisateurs, c’est la garantie de la fiabilité de nos travaux et de notre engagement dans une démarche continue de progrès : planification des actions dans le temps, procédures qualité, notamment pour la gestion des données, etc.

  

Et si on parlait de l’avenir ? Quelles sont les principales orientations de l’unité et quelles perspectives ?

Nous souhaitons consolider l’existant en proposant un catalogue de nos productions standard et en inscrivant leur traitement dans une démarche qualité, axée notamment sur la reproductibilité. Ces productions étant récurrentes, nous nous attachons à automatiser le plus possible les chaines de traitements afin de réduire les erreurs liées aux interventions humaines et optimiser le temps de travail. Les transmissions de travaux entre collègues s’en trouvent facilitées, surtout avec la rotation fréquente des IE contractuels que nous avons. Il y a aussi des questions juridiques sur l’accès et la diffusion des données, et là aussi nous voulons nous positionner comme facilitateur des relations entre fournisseurs et utilisateurs de données.

 

Côté thématique, il est clair que les questions agroenvironnementales sont un enjeu de plus en plus fort auquel nous souhaitons participer en facilitant l’accès et l’interopérabilité des différents jeux de données liés. Les approches systémiques (environnementales et socioéconomiques) qu’elles sous-tendent, le temps long et la complexité des processus sont un défi pour la production de connaissances, et donc de données qui alimentent cette production. Sans tomber dans le « qui embrasse trop mal étreint », nous allons continuer sur nos acquis, solides, et renforcer certains aspects, notamment autour de la question des pesticides, avec en particulier notre implication dans le projet PPR Cultiver Autrement FAST (Faciliter l’Action Publique pour Sortir des Pesticides).

   

Côté plateforme et informatique, nous développons de nouveaux outils, plus en phase avec les besoins, opportunités et contraintes récents, tout en assurant la continuité de nos services actuels. Les dernières modifications conséquentes de la plateforme datant de 2016, et sans responsable informatique titulaire depuis quelques années, ce chantier avait été mis de côté mais est à nouveau au premier plan, notamment grâce au recrutement d’un chef de projet informatique depuis septembre dernier.

  

D’un point de vue institutionnel, nous voulons renforcer les interactions avec les autres plateformes de données et unité INRAE en participant à des projets nous permettant d’exploiter notre casquette de centre de ressources ainsi que notre expertise thématique et méthodologique sur les politiques et systèmes agricoles.

  

Pour résumer, nous avons plein d’idées mais il nous faut du pétrole !

 

Propos recueillis par Aleksandra Barczak (EcoSocio) et Tifenn Corre (ODR)

 

Publication : mardi 18 mai 2021 09:21

Mis à jour : mardi 18 mai 2021 09:23

Écrit par Tifenn Corre